Des trésors hippomobiles isolés 

Quelques pièces isolées exceptionnelles par leur qualité ou leur rareté sont conservées dans des musées hors de tout contexte hippomobile. Outre les deux voitures conservées au Musée du cheval-Grandes Écuries de Chantilly signalées ci-dessus, on peut citer :

Cambrai (Nord), Musée municipal

Le Musée municipal de Cambrai possède une voiture unique en France, le char de procession du chapitre des chanoinesses de sainte Aldegonde de Maubeuge, construit vers 1735. C’est une sorte de nef, longue de six mètres, montée sur quatre roues robustes, aux élévations galbées et sculptées d’opulents motifs végétaux polychromes et dorés, de style rocaille. Elle servait à transporter en grande pompe la statue de la sainte patronne, entourée de choristes, assis sur un banc régnant sur tout le pourtour intérieur.

Le Puy-en-Velay (Haute-Loire), Musée Crozatier 

Le Musée Crozatier possède la seule berline française des années 1780, conservée en France. Fait exceptionnel pour cette époque, elle porte le nom des artisans qui l’ont fabriquée : celui du charron Pierre Néry, gravé sur les quatre moyeux de roues, et ceux des selliers Jean-Pierre Goix et Charles Oilivier, estampés sur les soupentes de cuir.

Thouars (Deux-Sèvres), Musée municipal Henry Barré

Le Musée municipal Henry Barré possède lui aussi une des rares voitures du XVIIIe siècle conservées en France, une berline-coupé, construite dans les années 1770, dont la caisse par sa forme et son décor exprime le style Louis XVI dans sa plénitude, tandis que le train, plus archaïque, avec ses lignes sinueuses, ses courbes, ses enroulements est encore dans la tradition rocaille. Le nom du charron qui l’a exécutée, Thuret, est gravé sur les moyeux des roues.

Eu (Seine-Maritime), Château, Musée Louis-Philippe

Le Musée Louis-Philippe possède la voiture la plus ancienne conservée en France dans une collection publique : une berline de gala commandée, ainsi que vingt-trois autres, en 1727 à Paris par le roi Jean V de Portugal pour l’échange des princesses à Caïa. Emmenée au Brésil en 1808 par le prince régent, devenu empereur du Brésil, elle servit de voiture du corps, et revint en Europe lors de l’exil de l’empereur Don Pedro II d’Alcantara, chassé par les révolutionnaires brésiliens en 1889, chez son beau-père, le Comte d’Eu. Une importante restauration a redonné tout son éclat à ce magnifique témoin de la période rocaille, si brillante pour la carrosserie parisienne.

Saintes (Charente-Maritime), Musée d’art régional Dupuy-Mestreau

Le Musée d’art régional Dupuy-Mestreau abrite une berline-coupé, construite en 1797, et ayant appartenu à la famille Pandin de Lussaudière. On ne peut que déplorer son état de quasi abandon, lorsqu’on sait qu’elle fait partie de la quinzaine de voitures du XVIIIe siècle conservées en France.

< >